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Transports

"On a peur": ces automobilistes qui remplissent des jerricans et vident les stocks de carburant

Même s'il n'y a pas de pénurie de carburant, les grèves contre la réforme des retraites inquiètent de nombreux automobilistes, alors que de nombreuses raffineries sont activement mobilisées. Une surconsommation est alors observée. Dans la Sarthe, un pompiste nous confie avoir vendu l'équivalent d'une semaine de carburant en deux jours.

La France peut-elle se retrouver dans une situation similaire au chaos d'octobre dernier? Alors que l'inquiétude demeure concernant la distribution du gaz, la situation semble s'améliorer dans le secteur pétrolier, qui reste fermement mobilisé contre la réforme des retraites.

Les expéditions de carburant ont repris dans les raffinerie Esso-ExxonMobil de Port Jérome-Gravenchon, en Normandie, et Fos-sur-Mer, dans les Bouches-du-Rhône. L'esquisse d'une amélioration générale ? "Il n'y a pas de problème d'approvisionnement et la situation est en train de s'améliorer", a assuré jeudi Olivier Gantois, président de l'UFIP Energies et Mobilités. La poursuite de la grève a tout de même été votée ce vendredi matin à Martigues, notamment.

"On commence malheureusement à avoir l'habitude"

Jeudi à la mi-journée, des pénuries touchaient surtout les stations de l'ouest de la France avec entre 20 et 25% des stations affectées en Mayenne, ou le Calvados. Une situation qui commence néanmoins à inquiéter les consommateurs. Certains prennent l'habitude de faire des stocks par précaution, accentuant les pénuries dans certaines stations.

"Hors service". Voilà ce qu'on peut lire sur l'une des pompes du garage de Romuald, à Spay, dans la Sarthe. Si la grève a un peu ralenti les livraisons de carburant dans le département, il n'est pas surpris de voir une telle affluence.

"On a vendu entre 6 et 7.000 litres en deux jours, c'est normalement ce qu'on vend en une semaine", détaille-t-il.

"Imaginez si demain, il n'y a pas de gazoil et qu'on n'arrive pas à bouger..."

"On commence malheureusement à avoir l'habitude que les gens se ruent sur les petites stations comme nous quand on parle de grèves", poursuit le pompiste. "Il y a des professionnels qui viennent, mais aussi des anciens qui viennent remplir 10-15 litres seulement..."

Alors ce gérant prend lui aussi les devants: "On essaie de garder un petit fond pour nos clients habituels, les artisans du coin...", explique-t-il.

Justement, dans une autre station, Sétin, un entrepreneur dans la maçonnerie, vient remplir quatre jerricans rouges. "Imaginez si demain, il n'y a pas de gazoil et qu'on n'arrive pas à bouger... Qu'est-ce que je dis aux clients? On a peur", confie-t-il.

Le jerrican, c'est justement le produit star de ces derniers mois dans ce grand magasin de bricolage, non loin de cette station. L'un des vendeurs nous le confirme: "Dès qu'on en reçoit, on se le fait dépouiller en même pas 15 jours", explique-t-il, depuis les fameuses pénuries de l'automne qui ont traumatisé un grand nombre d'automobilistes coincés dans des files d'attentes monstrueuses aux stations-service.

Maryline Ottmann et J.A.