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Carburants: pourquoi les prix à la pompe n'arrêtent pas de baisser

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Respectivement à 1,63 et 1,68 euro le litre en moyenne, les prix du sans plomb et du gazole se trouvent à leur plus bas niveau depuis six mois, selon les derniers chiffres du ministère de la Transition écologique.

Les prix des carburants font machine arrière aussi vite qu'ils se sont emballés. Après un rebond marqué en janvier qui les a fait progresser de presque 10 centimes sur un mois, ils enregistrent une importante baisse jusqu'à atteindre leur plus bas niveau depuis six mois: le litre de gazole s'élève ainsi à 1,63 euro quand celui de sans plomb affiche 1,68 euro. Un fort repli qui est dû à la baisse durable du baril de Brent depuis la fin du mois de janvier mais aussi à la remontée de l'euro face à la devise américaine qui rend le baril bon marché, celui-ci s'achetant en dollar.

En début d'année, les cours du pétrole étaient notamment soutenus par les sanctions des États-Unis visant le commerce du pétrole russe, annoncées début janvier, qui obligaient l'Inde, la Chine et la Turquie à s'approvisionner plutôt au Moyen-Orient pour les contourner, et cette demande supplémentaire tendait à faire monter les prix.

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Cette tendance s'est inversée au cours des dernières semaines en raison d'une offre qui grossit aussi bien du côté de l'Opep qu'outre-Atlantique où Donald Trump encourage l'extraction de pétrole. Dans le même temps, la guerre commerciale provoque un ralentissement économique qui va se traduire par une baisse de la demande, ce qui est là aussi de nature à diminuer les prix des carburants en aval.

Et ce mécanisme de l'offre et de la demande pourrait continuer de jouer en faveur des automobilistes. D'une part, un retour du pétrole russe sur le marché augmenterait encore plus l'offre à moyen terme. D'autre part, l'électrification des usages accentuera la baisse de la demande à long terme. Si bien que certains experts envisagent déjà un baril à 60 dollars, ce qui signifierait un prix du litre de carburant autour de 1,50 euro.

"Une grande stabilité des prix pétroliers"

Dans une perspective plus large, le prix du baril oscillait depuis deux ans entre 75 et 85 dollars, après le pic de 120 dollars atteint courant 2022. En 2024, il a légèrement reculé à 81 dollars en moyenne contre 82 dollars l'année précédente. "À l'heure actuelle, on est plutôt autour de 71 dollars et c'est dû à la décision de l'Opep+ la Russie de remonter graduellement leur production de 100.000 barils par jour chaque mois", expliquait la semaine dernière Olivier Gantois de l'UFIP EM (Union française des industries pétrolières), soulignant "une grande stabilité des prix pétroliers".

Et cette stabilité s'est traduite dans les prix à la pompe en France l'année dernière. Selon l'UFIP EM, les prix du litre de sans plomb et de gazole ont été en 2024 légèrement inférieurs à leur niveau de 2023, respectivement à 1,79 euro contre 1,86 et 1,70 euro au lieu de 1,80. Ces baisses ont été principalement influées par les variations du pétrole brut puisque malgré un coût du raffinage divisé par deux entre le premier et le second semestre 2024, deux éléments des coûts de distribution ont augmenté l'année dernière: les certificats d'économie d'énergie (8 centimes par litre) et le coût de l'incorporation des biocarburants dans les essences et le diesel (un peu moins de 6 centimes par litre).

Timothée Talbi